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ClairObscure
11 août 2007

Lettre VI (la lettre V ayant été déchirée)

Vous,

j'étais dans la cuisine, je commençais de nettoyer le sol, du four sortaient les odeurs de la compotée de légumes que je faisais cuire, la radio m'accompagnait quand soudain, dans la cour, très proche, a envahi un son de cello - connaissez-vous le son du cello par un jour de pluie, quand il ne pleut plus, ou qu'on attend la chute de l'eau, dans une cour, là vers l'appartement tout en bois que je vous ai montré plus d'une fois, car je le trouvais beau, là par la fenêtre un jeune homme tenait son cello, droit sur son siège, le visage parfois emprunté, concentré, il le tenait avec la simplicité que le musicien entame quand il s'exerce et ne joue pas encore.

Il jouait cependant, et le son chagrin retentissait dans toute la cour, mon coeur a sombré, j'avais éteint la radio pour ne rien altérer de ces notes longues et graves qui venaient percuter contre les vitres ouvertes de ma cuisine - et tandis que mon coeur sombrait, mon corps tremblait à l'intérieur dès que les aiguës escaladaient les murs lézardés de la cour, je n'ai pas pu empêcher l'organe de tambouriner plus fort, plus rapide que la musique qui se jouait, la mélancolie était là, douce, prête, proche de la sensation érotique, et j'ai regardé parfois le jeune homme devant son cello, me demandant s'il sentait mon regard dans ces moments-là - il faudrait le remercier de laisser la fenêtre béante.

Mon coeur battait, j'ai fini aussi vite que j'ai pu de laver le sol, mon coeur allait se rompre si je ne venais pas vous écrire ici, il n'y aurait eu qu'un moyen de me faire l'amour aujourd'hui, sous la pluie du cello, sous les notes qui sciaient leurs incisives dans mon coeur, il aurait fallu que vous plongiez vos mains dans ma poitrine, que vous écartiez la chair et les côtes, que vous me saisissiez intérieure, que vous n'atteigniez mon clitoris que par le tremblement flasque de mes entrailles.

Si vous aviez été là, oui, comment aurions-nous fait l'amour...peut-être à la fenêtre au-dessus du regard du jeune homme qui jouait sans voir autre chose que son intérieur, autre chose qu'une partition envolée dans l'espace, qui regardait sans voir le réel. Oui, j'en suis certaine, c'est exactement à cet endroit que vous m'auriez prise pour que le jeune homme au cello ne m'emporte jamais, pour me posséder plus que vous ne le voudriez.

Prenez mon corps épars, revenez vite le clouer au vôtre -

je vous aime, au-delà de toute raison, au-delà du raisonnable. Qu'importe le cello qui m'a fait sombrer quelques instants dans une mélancolie que j'ai perdue depuis vous -

je vous - des pieds aux genoux

vôtre

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Commentaires
L
- et le CHAPITRE suivant a la forme de deux bouc(l)es, et commence là où s'arrête la Bible -
L
Si même les commentaires changent où va-t-on ;)
C
Commençons. Inutile de faire semblant. Pratique d'improvisation.
ClairObscure
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