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ClairObscure
27 août 2007

Lettre XIII la dernière de l'été

Mon cher vous, mon homme, mon voyageur, vous qui serez de retour,

je ne compte plus les jours puisqu'il n'en reste que des heures, des secondes au décompte. Où est donc passée ma libido, je ne le sais pas, si sage je suis devenue, et timide, et silencieuse. Demain vous serez là -

Je l'entends votre voix, quand au téléphone, elle me dira : "bonjour vous", votre voix singulière.

Mon coeur est le moteur de l'avion qui revient. Il s'emballe, il faudrait accélérer le parcours, oui je veux déjà courir le long du couloir sans fin, et retenir le bruit des pas sur le parquet (et les rendre légers comme ceux de belles femmes dans la Bible).

Je serai devant la porte d'entrée, et il faudra que je retienne mon souffle, paraître sans débordement aucun - mais je pourrai vous sauter au cou comme l'enfant, vous traîner par la main en riant jusque dans ma chambre (à l'autre bout de cet immense appartement).

Je serai devant la porte d'entrée, et je regarderai par l'oeilleton votre visage - mais je ne pourrai pas vous mirer, je me connais, le coeur, les émotions, vous comprenez...j'ai besoin de fermer les yeux. Souffler une fois, souffler deux fois, inspirer -

Et vous, m'entendrez-vous derrière la porte ? (non, non, promettez-moi de ne pas écouter, ni d'entendre, faites le sourd)

Je risque de pleurer - pas dans l'immédiat, bien plus tard - dans la chambre, quand mon cul sur vos cuisses - oui, on ne me rend pas fidèle sans tension - maintenant dénouez-moi, et attachez-moi à vous. Des pleurs de joie, oui je sais, mais que voulez-vous, je suis plus femme que je ne l'aurai jamais deviné. (J'ai rêvé de nous heureux dans une maison et son jardin, c'est bête, oui je sais -)

Puis (enfin) nue à vous, pour vous, sous vous, dessus - je serai la fatale que vous connaissez, je serai la jouissive que vous fantasmez, je redeviendrai ce que je suis, aimante et désirante, attentive à votre récit, discrète dans mes émotions, celle de tous les jours - mais avec vous.

Je me suis faite belle tous les jours de l'Absence pour préparer demain, oui. (J'ai traité mes cheveux, j'ai mis les crèmes comme vous me l'avez appris, j'ai lavé mon corps de la même façon, j'ai rasé comme vous aimez, j'ai frotté, j'ai parfumé - vous savez comme je déteste cela, je hais la sensation de la crème sur ma peau, mais j'ai tenu bon - trois semaines pendant lesquelles j'ai soigné mon corps comme je ne l'avais jamais fait).

Je ne l'aime pas pour autant, ce corps, ni mieux ni moins bien - mais je veux bien que vous l'aimiez, puisque vous l'aimez, et vous le rendre toujours plus aimable.

Puis ce soir j'ai noué mes seins, attaché les cheveux, préparé les ongles, les derniers préparatifs -

votre tête de mule, votre femme, votre sédentaire, celle qui vous attend

vôtre -

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Commentaires
H
"légers comme ceux de belles femmes dans la Bible", justement, une pensée m'est venue après la lecture. Je sais que c'est gênant, mais tant pis, relis le "Cantique des cantiques". Juste pour voir...
F
J'aimerais presque être ton "votre" en te lisant :)
ClairObscure
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