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ClairObscure
31 août 2007

"Le nouvel amour"

c'est drôle, je lis ce livre comme j'aime lire parfois - dans le désordre. Cette fois-ci j'ai cherché à savoir comment finissait leur histoire d'amour, cela m'est maladif, j'ai une passion pour les fins. Elle ne correspondait pas à la fin du livre. J'ai vite compris qu'elle avait fini mal, mais il m'a fallu lire mot par mot comment elle avait pris fin, le pourquoi, je cherchais avidement le pourquoi - l'écriture de Philippe Forest ne le permet pas si aisément, il écrit par vagues et leur commencement, le ressac, reprend toujours quelques mètres avant celui des précédentes et se déverse sur elles et poursuit le cheminement un peu plus loin que la dernière.

Puis j'ai ouvert le livre au hasard, chaque jour à des pages différentes, ou parfois aux mêmes pages que j'ai relues, et j'y ai lu des vérités. Je comprends peu à peu ce qu'était cette histoire d'amour, comme si je récoltais des informations au fur et à mesure des confidences - elles sont toujours chaotiques les confidences, elles viennent d'ici, de celle-là, ou de celui autre. Il me semble qu'au lieu de lire, je reconstitue.

Un jour, bientôt peut-être, je lirai le livre dans son entier, du début jusqu'à la fin, et j'aurai la satisfaction de celui qui savait, je me dirai, ah oui, je m'en doutais, ah oui je le savais ! Et je lâcherai le livre au dernier mot dans un soupir immense, intense, soucieux, comme on lâche la main d'un ami dont enfin on saurait le secret, et qui vous quitterait ainsi.

Auparavant je poursuis d'écouter les divagations d'une conversation intermittente, hasardeuse - une histoire banale qui soudain prend sa dimension tragique, vivace, émouvante. Une histoire de perte, par la voix de celui qui voudrait comprendre ce que personne ne peut comprendre - et qui de livre en livre trace sa quête afin de ne pas perdre au moins le moyen.

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Commentaires
A
"ce que personne ne peut comprendre" - peut-être que le deuil, ça n'existe pas : qu'en voulant faire le deuil, faire l'amour (comme on fait le beau, comme on fait le fier, ou le malheureux), ça n'existe pas.<br /> Peut-être que le nouvel amour, c'est aussi celui de la fille, celui de l'amante, de la femme, ces lieux de la douleur qui seuls nomment le deuil, différemment, nouvellement - que l'écriture est le moyen de l'amour autrement que le corps, plus engagé dans le corps que le corps, peut-être.
ClairObscure
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