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ClairObscure
14 septembre 2007

Cet homme m'attendrit - déjà avoir pressenti que

Cet homme m'attendrit - déjà avoir pressenti que cet homme j'allais l'aimer, il est une coquille de mer qui ouvre ses coques un peu et laisse entrevoir l'intérieur

il m'a prise par le corps,voilà qu'il me prend par les sentiments

ça reste énorme, j'aimerais me sentir mieux - et prendre cet énorme en pleine gueule

je le regarde parler, je regarde son visage, et je me dis qu'il ne doit pas aller mieux que moi en ce moment, je me dis tu le regardes là, il te semble plus hésitant, moins fier peut-être, il te semble plus proche aussi, le visage un peu tiré, fatigué - tu le regardes, tu te dis presque, à demi-mots que tu pourrais être moins amoureuse de lui,

pourtant non

tu comprends que ce ne sont pas des mots, que c'est bien ce que tu ressens, tu es amoureuse encore, profondément et que tu es maintenant attendrie aussi -

tu te dis que ce sera difficile de le désaimer, tu prends conscience de votre implication, tu prends conscience d'un lien de plus en plus étroit, tu ne cherches plus à comprendre -

tu as un peu peur aussi, c'est peut-être aussi ce qui te trouble en ce moment, tu comptes un an déjà, tu te demandes ce qui va suivre, tu as peur de te donner entière, c'est peut-être aussi pourquoi il devait avoir absolument tort contre toi cette semaine, parce que tu l'aimes naturellement, et que l'amour te happe, tu as peur de t'offrir à la douleur encore une fois, d'être un corps comme un cafard facile à écraser, un cafard un peu boîteux, tu le comprends bien ça, même si tu l'exprimes pour la première fois, un corps-objet-de-la douleur.

En fait le comportement de ta soeur n'a fait que te montrer crûment à quel point tu es lâche - et en même temps tu te sens aimée et aimer, il te l'assure sans que tu ne lui demandes - et cette contradiction t'empoisonne. Tu es compressée entre les deux évidences. Tu ne comprends pas que tu sois aimée quand tu es détestable. Personne pourtant ne t'a jeté la première pierre. Tu te lapides seule.

Tu as cet homme en face de toi, tu n'oses pas le toucher, alors tu prends un peu son visage entre tes mains, tu sais qu'il aime que toi tu le fasses, quelque chose dans ses yeux brille alors. Tu as cet homme en face de toi, et tu as honte de ton noeud douloureux. Tu te dis que tu te sens défaite, que tu te sens invisible dans les rues depuis une semaine, que tu es épuisée, à bout pour un phénomène qui t'emporte sans que tu ne saches vraiment pourquoi, tu te dis j'ai mal au ventre, et tu sais que tu as honte, que tu as cette impression d'échec.

Et pourtant cet homme en face de toi tu l'aimes, et humblement tu acceptes soudain de vieillir devant lui, de fondre, de te défaire, de te montrer affreuse, ce manque de tenue que seule la fatigue instigue, et une certaine forme de solitude, tu te dis que ça passera, et que ton homme aura l'immense mansuétude d'oublier tout cela, et de t'aimer pour les moments plus dignes.

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Commentaires
B
Je vous découvre; superbes mots...
D
Chacun(e)s de vos il(e)s est entouré(e) de mots clairs et profonds qu'a y plonger,on y risque l'ivresse et y apprend l'humilité devant votre maestria.<br /> Ces nouveaux rivages sont tout aussi beaux que ceux que je connaissais par ailleurs.
Y
Absolument sublime! Tout y est... Les joies, le bonheur, les interrogations, les inquiétudes qu'inspire l'amour. <br /> Et cette phrase dans laquelle tu touches quelque chose de profond : "il m'a pris par le corps,voilà qu'il me prend par les sentiments"...
ClairObscure
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