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ClairObscure
16 septembre 2007

De Cézanne à Picasso - Ambroise Vollard

De Cézanne à Picasso - voilà une exposition qui n'amène pas à découvrir des oeuvres, mais à comprendre l'extraordinaire lien qui existe entre un marchand d'art et les peintres qui gravitent autour de lui. Le lien de nécessité, d'admiration et parfois d'amitié ou de fraternité, des liens complexes, étonnants parfois, déroutants dans la perspective de toute une vie. Le marchand - Ambroise Vollard, dont le portrait se dessine en ombre à travers ses galeries de tableaux, ses achats, ses refus d'achats, ses stratégies d'achats, ses concessions et cadeaux, ses échanges de tableaux aussi, ses commandes enfin - et plus encore, plus étonnant, il a instigué des oeuvres, a incité tel artiste comme Renoir ou Gauguin à la sculpture, a rassemblé peintres et écrivains, a créé sans doute le livre d'art, objet comme on le conçoit de nos jours, objet d'art en lui-même, luxueux, ambitieux, fruit de collaborations diverses.

L'exposition, aussi classique qu'elle peut paraître dans son ordre de présentation, à chaque salle un thème, voire à chaque salle un peintre qui eut une relation marchande particulière avec le marchand d'art dont les oeuvres exposées au Musée d'Orsay jusqu'aujourd'hui, sont tirés de la collection de toute une vie, demeure d'une clarté devenue rare dans les salles d'exposition parisiennes, qui laisse tout l'espace à la compréhension des visiteurs qui devinent mieux qu'ils ne la lisent, la personnalité exceptionnelle d'Ambroise Vollard. A chaque visiteur son intuition du personnage, et une salle se consacre aux portraits qu'il avait commandés de lui à ses peintres favoris, un véritable régal pour les passionnés de l'enquête psychologique.

La plupart des oeuvres en exposition sont des oeuvres que beaucoup d'entre nous avons admirées maintes fois en reproduction dans les livres, et peut-être même les avons-nous approchées à l'occasion d'un rassemblement d'oeuvres sur un autre thème. Y sont montrées cependant des oeuvres rarement livrées au regard public, telless que les livres de première édition que Vollard a commandés, des albums de peintres graveurs, des albums de lithographies en couleur, des livres littéraires illustrés, et si je ne devais en citer qu'un, ce serait l'illustration aérienne, admirable que Bonnard fit d'un recueuil de poèmes de Verlaine. Le seul regret que je garde de cette exposition reste celui de n'avoir pu en tourner à volonté les pages.

Il y eut enfin le bonheur de revoir des chefs d'oeuvres de Gauguin, Rouault, Cézanne, Picasso et de Van Gogh -  de voir pour la première fois, "en vrai" des oeuvres de Degas et des Nabis, et de découvrir deux peintres que je ne connaissais pas, et qui pendant ces deux derniers jours ont occupé mes nuits blanches, et qui aujourd'hui me passionnent, deux coups de coeur : Pierre Bonnard (d'une modernité que je ne soupçonnais pas encore pendant l'exposition), et Odilon Redon.

Merci à ma Lune en Oo - de tout coeur.

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Commentaires
L
Hmm regrets aussi pour le recueil de Verlaine... ces tracés rosés, ces repentirs! j'ai cru voir sur un site une édition d'un livre sur Bonnard contenant des dessins, à voir? Belle journée à toi;)
ClairObscure
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