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ClairObscure
22 septembre 2007

des charognes de nuit

Les chats - aucun autre animal que le chat à mes yeux, à mes côtés - sont les charognes de la solitude et de l'anxiété. Je commence à me demander si quand dans ma chambre ils viennent dormir, c'est si rare, l'acte même de changer leur lieu de dortoir ponctuellement ne devient pas un acte significatif.

Dans mon lit j'ai parfois l'anxiété des jours à venir qui vient coucher avec moi, et j'ai les deux chats au pied du lit assis ou allongés avec des mines affectées, une présence pesante, un silence neutre ou ambivalent peut-être.

Dans le noir dans l'obscurité les deux chats ne se distinguent pas l'un de l'autre, ils portent tous les deux une fourrure noire. Quand à chaque fois le sursaut du réveil m'a poussée hors du lit comme une âme en attente du prochain passage du sommeil, dans le couloir, à tour de rôle, ils sont venus mêler leurs pas aux miens, sans vraiment se frotter, comme une ombre assombrie, il a fallu que je me baisse et tende la main vers le collier pour reconnaître lequel me poursuivait.

Il m'est arrivé d'avoir mon chat, ces deux chats ne sont pas les miens, l'un appartient à l'une des colocataires, l'autre à ma soeur qui est partie à l'étranger sans son animal de compagnie. Un chat s'attache à une personne, une seule à vie, rarement fait don d'allégeance à une seconde personne mais quand il s'agit de sa survie, sinon toutes les autres personnes entrent dans d'autres catégories de relations, de l'amitié à la méfiance, en passant parfois par  la neutralité.

Ici, j'ai laissé le rôle de nourrir les animaux à la colocataire car je ne déteste rien de plus qu'un animal qui mendie. Je m'occupe du reste, je m'occupe de la caisse essentiellement, parfois de leurs bols d'eau, souvent de leur tenir compagnie quand personne n'est présent dans ce grand appartement.

Ils se montrent contents de me voir quand je reviens de l'extérieur, mais ils n'ont pas l'excès qu'ils montrent chacun à leur maîtresse, ils m'observent quand je me lève la nuit, me suivent silencieusement, me regardent écrire le plus souvent, ou profitent de ma présence pour se laisser à un profond sommeil dans la journée.

Quand pourtant je me dois d'affronter des situations qui me mettent au pied du mur, qui sont celles qui me rendent le sommeil léger et intermittent, quand d'autres fois je me sens seule dans ma chambre, que j'aimerais me blottir contre son corps, les chats sont toujours là. Je les imagine à l'affût, doués immensément que sont les chats pour l'intuition, le flair, je les imagine à l'affût de la moindre noirceur envahissante de l'âme, à l'odeur de la bile noire, se ruant dans le moindre repli de la mélancolie, dans la plus petite manifestation de la solitude intérieure.

Quand alors le chat n'est pas le mien, et qu'il me porte une simple amitié, ou qu'il se comporte de la manière la plus neutre, mais toujours avec un intérêt proche du voyeurisme, mais qu'il ne me porte pas un amour inconsidéré à moi mais à un autre (et le chat n'a qu'un maître quoiqu'on dise, quoiqu'il arrive), le chat est une charogne qui tourne autour de mes pieds, il ne dort que d'un oeil, vient renifler sur mon visage toute altération de mon état, vient hanter mes réveils.

J'attends le jour, que seuls les deux chats noirs portent l'obscurité sans en ajouter à la nuit.

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