L'inclinaison du corps - il y a du jour qui tombe

L'inclinaison du corps - il y a du jour qui tombe un peu sur le front

je pense à la vieille dame qui tente de rester digne, un peu de rouge à lèvre maladroitement, elle surjoue son sourire

je pense à l'homme qui sombre dans la folie, et qui lutte avec ce qu'il lui reste de lucidité agonisante, il serre la mâchoire folle quand il parle

je pense à l'humiliée, qui tire un peu sur sa robe et relève le buste, elle retient ses larmes

je pense au malade qui tente de marcher droit, de ne pas exposer sa douleur qui lancine, tous ses membres tremblent

je pense à ce qu'est la vie humaine - cet effort de dignité, oui parfois il me semble que cela tient à cette volonté humaine de ne pas sombrer sous le regard des autres

cela tient à si peu

que cela me remplit d'effroi et de fascination

ce peu de distance entre la dignité et le ridicule

je pense à l'immonde qui englobe le monde, le propre dans le sale, le sale dans le propre

quand la compassion ne m'étreint plus, il ne me reste plus que l'effroi, cette peur affreuse de la solitude de l'autre - parfois le dédain comme bouclier transparent

Comments

[S]

Solitude de l'autre... Au final, sa propre solitude.
Quand la compassion s'enfuie, je n'ai que la peur, aussi, égoiste, terrifiante, de ne pas être autre, d'être l'autre...

Intriguée par certaines concordances, sourire.