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ClairObscure
7 septembre 2007

C'est drôle, je m'en suis rendue compte

C'est drôle, je m'en suis rendue compte aujourd'hui  -

mardi il m'a fait remarqué que j'écrivais souvent au sujet de son infidélité éventuelle, et m'a rappelé qu'il ne me trompait pas, qu'il n'en éprouvait pas le besoin.

Je l'ai interrogé : oui mais si vous deviez un jour m'être infidèle, vous ne me le diriez pas ? vous ne me préviendriez pas non plus ?

Il a répondu sans équivoque : non, je ne vous le dirai pas.

Alors, ai-je répondu, cela ne change rien. Je n'ai pas besoin de savoir que vous ne me trompez pas en ce moment, puisque vous me mentiriez si je vous le demandais plus tard. C'est tout comme.

Il n'avait rien dit de ce que je ne savais pas. Je ne suis pas sûre qu'il ait été étonné de ce que je lui a raconté par la suite, sur ma préférence de le savoir, de ma volonté d'être une partenaire libre de décider à égalité du destin de mon couple.

Nous n'étions pas fâchés, nous parlions simplement comme nous aurions parlé de la météo.

Il a simplement tenté d'expliquer (et je crois qu'il l'a fait maladroitement, sans les mots justes) qu'il ressentait dans mes textes que si un jour il s'avérait qu'il me trompait, je pourrais enfin me laisser aller à ma propre propension à l'infidélité, et lui rendre enfin la pareille.

J'ai simplement répondu que cela n'était pas vrai, je ne le ressentais pas ainsi. Je n'ai pas pu répondre plus parce qu'il aurait fallu prolonger notre discussion encore longtemps et que ce n'aurait été que pour voir mieux notre désaccord profond sur le sujet.

J'ai pensé souvent à ce pressentiment dont il m'a fait part, et contre lequel je m'oppose sans équivoque. Je pourrai vous raconter beaucoup de choses sur ce que cela m'évoque, sur les différents niveaux de réponse que j'oppose à un tel pressentiment.

Mais il y a ce sentiment, cette évidence qui m'a comme allégée, qui m'a ravie en quelque sorte :

s'il pense cela, c'est qu'il imagine de moi que je peux en cas de découverte d'une infidélité de sa part être capable d'aimer encore - en cas de trahison. C'est à dire : en venir à la vengeance (être infidèle pour lui rendre la pareille), en venir au pardon, au désir de recommencer. Alors que toute mon histoire personnelle, psychologique, que je ne lui ai jamais cachée, ni à vous, a été le parcours inverse.

Tout ce que j'ai ressenti comme trahison m'a désensibilisée, m'a rendu l'Autre (mère, fille, amant) possible d'abandon, indigne d'intérêt affectif - comme la main évite la flamme une fois qu'elle s'est brûlée déjà.

J'ai quitté les amis et la famille pour me recentrer sur l'essentiel.

S'il a pensé cela, il a en quelque sorte imaginé de moi que je pouvais cesser de larguer les amarres et de m'attacher au point de surmonter la pire des humiliations, de pardonner peut-être, d'amoindrir ma passion, de quitter les extrêmes.

C'est cet idée-là, cette pensée, dans l'incompréhension et le désaccord total qui planait sur notre conversation, m'a ravie, m'a touchée en même temps que j'entrais dans une colère maîtrisée parce que je la trouvais inutile.

C'est comme si on me disait, tu vois, l'abandon de la mère, ça se surmonte, tu pourras en être libérée - et la perspective était belle.

Mais non, je sais que je ne peux faire autrement que l'intransigeance - c'est aussi ma force de caractère.

Mais l'idée, la simple idée que je pourrais être autrement...

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Commentaires
C
Sans avoir été abandonné par ma mère (je dis ça en raccourci parce que si je me retrouve dans ta conclusion, je n'adhère pas au raisonnement qui la sous-tend), je partage ton point de vue sur la fidélité et l'infidélité. D'une part que ne rien savoir et ne rien dire, et conclure cet accord tacite ou explicite, est la meilleure attitude possible. D'autre part, qu'il ne s'agit pas de monnayer infidélité contre infidélité, comme si dans la balance des amours, les choses s'équilibraient ainsi. Le mot "tromper", d'ailleurs, on pourrait y revenir. Acceptons-le "conventionnellement". Il y a des désirs. Il y a l'Autre. Il y a les Autres. À chacun son équilibre avec ça, et il ne doit être ni nécessairement homogène entre amants, entre amoureux, ni nécessairement invariant dans le temps.
L
Lune - contradiction, contradiction, alors comme ça j'aurais une gueule (j'ai failli dire une "yeule") de contradiction !<br /> <br /> Céphée ; l'écho était là-bas - et j'ai moi-même été surprise de voir un texte suivre là-dessus, ce prisme, ce diamant à mille faces, à mille faces - toujours le mot, vous, "Antre-vous", c'est si joliment bien vu...sourire<br /> <br /> Julip, oui je vais te le dire si j'y arrive, peut-être que j'échouerai, mais je tenterai la sincérité...tu as cette pertinence si tienne -
J
en quoi consiterait l'infidélité? exactement? dis-moi.
C
Très bel écho par ici !<br /> Comment pourriez-vous penser un seul instant à l'infidélité, puisque vous êtes dans l'ivresse de la passion des corps et de l'esprit [...]<br /> à la lecture de vos notes on éprouve comme une sensation d'osmose 'Antre-Vous'...
L
Elle est très belle, cette contradiction... Comment d'autres vous donnent parfois une force que vous n'êtes pas sûr d'avoir
ClairObscure
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